Ces derniers mois, la toile s’est enflammée quand un influenceur food français a intitulé colombo de poulet un plat qu’il avait réalisé avec certes du curry, mais aussi du lait de coco et des patates douces…. Puis, fin juin, nous avons appris qu’à Bordeaux, une entreprise mettait en avant comme sa création « unique », un granité préparé et vendu comme notre sinobol, snowball. A nouveau, tollé sur les réseaux sociaux ! Et ces mots qui ont fusé : « appropriation culturelle » !

Dans un article du journal Le Monde, le sociologue Eric Fassin avance une définition pour cette expression : « récupération quand la circulation s’inscrit dans un contexte de domination ». Pour moi, il s’agit simplement du fait d’utiliser en oubliant de préciser de qui ou de quoi l’on s’est inspiré.

Il ne s’agit pas de dire que nous avons créé le snowball… Qu’il soit appelé kakigori, maui ou granité, le combo glace pilée et sirop est consommé partout dans le monde. Par contre, nous devons être vigilant et réagir lorsque les termes de « création personnelle », « unique » sont mal utilisés.

Bien au-delà de ces buzz qui seront sans doute vite oubliés, nous devons nous interroger sur le travail de mémoire. Que faisons-nous pour enregistrer ce qui existe ?  Comment aller au-delà de ces grandes « tradition » de l’oralité, de la recette secrète ?

A chaque fois que nous interrogeons un chef, il y a quasi toujours un grand-père, une grand-mère, une tante ou une mère dans son histoire. Il devient urgent de coucher les mots, de laisser des traces.

Suivant cette réflexion, Mylène Colmar et moi sommes ravies de vous annoncer la prochaine sortie du premier livre de cuisine du chef Joël Kichenin, ambassadeur culinaire guadeloupéen reconnu. Sa fille Vanessa Kichenin et lui-même ont souhaité vous proposer un support présentant des recettes traditionnelles authentiques de la cuisine guadeloupéenne. Nous sommes fières de les avoir accompagnés pour la réalisation de cet ouvrage, dans le cadre de notre maison d’édition, The Flamboyant Agency. 

Un travail de mémoire primordial, car tout vient de quelque part…