À sa grand-mère, une cuisinière « hors pair », Maryse Condé, célèbre écrivain guadeloupéen, a consacré un livre intitulé Victoire, les saveurs et les mots. L’histoire est intéressante, touchante et comporte des menus qui ont fait la réputation de Victoire Elodie Quidal. Avant d’être réputée, Victoire a commencé par apprendre, comme elle le pouvait, alors qu’elle travaillait « à Grand-Bourg, pour les Jovial, des parents ». Extrait.
« En cuisine, Danila (ndlr : une servante plus âgée) n’assigna jamais à Victoire que des tâches ingrates : battre les lambis, extraire la chair des crabes, écailler le poisson avec un couteau pointu, plumer la volaille, écumer la soupe, hacher cives et échalotes, presser les citrons, à la rigueur cuire le riz à la créole. Mais à l’épier comme les esclaves qui, de peur d’être punis, lisaient en se cachant, elle prit ses premières leçons, se maturant dans le secret. (p. 45-46, Editions Mercure de France, 2006)