De fil en aiguille, patiemment, il est revenu vers son amour de jeunesse. La cuisine. Sam KanKook l’a pendant quelques années délaissée pour des études à Paris, puis une carrière en finances et en informatique à Londres.
Cependant, le Guadeloupéen a finalement franchi le pas, il y a trois ans, en lançant un service à la carte et à domicile. A ses clients, il propose des mets raffinés, inspirés des plats caribéens de son enfance, mais aussi de découvertes faites lors de ses voyages.
La passion de Sam KanKook pour la cuisine remonte à son plus jeune âge. A Port-Louis, il a « grandi dans une famille où tout le monde aimait cuisiner » : « A chaque fête, ma mère, mes tantes, ma grand-mère, essayaient de se surpasser, en proposant des plats caribéens avec une touche d’originalité ». Cela lui a donné l’envie de se mettre aux fourneaux, le plus possible : « je négociais toujours avec mon frère et ma sœur pour échanger nos tâches à la maison et m’occuper de la cuisine ».
Pourtant, Sam KanKook a effectué des études dans la finance et l’informatique. « J’ai toujours eu cette chance d’être à l’aise à l’école, d’avoir des facilités. Plutôt que d’opter pour une formation professionnalisante, j’ai suivi les conseils des professeurs et conseillers d’orientation qui m’ont poussé à emprunter un cursus plus classique. Je me suis dit que j’allais travailler dans un domaine qui me permettrait de réaliser une partie de mes rêves – voyager, par exemple – et une fois que j’aurais une certaine assise professionnelle, je me consacrerais à l’idée de restaurant atypique que j’avais depuis très jeune ».
Le jeune homme a donc étudié à l’Université des Antilles, à Fouillole, puis a obtenu un master à l’Université Paris-Dauphine. Il s’est ensuite focalisé sur sa carrière dans les investissements pour des fonds de pension, qui l’a mené à Londres où il vit toujours.
« Amener le restaurant chez le client »
Cependant, son amour pour la cuisine, Sam KanKook ne l’a jamais perdu. Il a continué à apprendre en autodidacte, à concocter des plats pour ses colocataires, ses amis. D’ailleurs, ce sont eux qui, convaincus de son talent, l’ont poussé à se professionnaliser dans ce domaine.
Prudent, il a d’abord publié des photos de ses créations culinaires sur les réseaux sociaux afin d’obtenir des retours. Ceux-ci ont été positifs. « De fil en aiguille, des gens m’ont contacté pour me demander des prestations. Je n’ai pas réfléchi très longtemps, j’ai décidé de me lancer. » A partir de 2015, il a donc passé les certifications nécessaires et créé son entreprise de cuisine à domicile.
Grâce au bouche à oreille et son carnet d’adresses, Sam KanKook a une clientèle croissante – des particuliers et des petits comités d’entreprise. Il procède toujours de la même façon, comme il le décrit lui-même :
- Le client me contacte et nous discutons de ses goûts, de ses envies. Je préfère qu’il me laisse carte blanche, en m’indiquant simplement quel poisson et/ou quelle viande il préférerait. Cependant, si le client a des souhaits spécifiques, je lui indique toujours que les plats seront revisités.
- Je vais au marché pour acheter des produits de saison, frais, bio, auprès de fournisseurs avec lesquels j’ai développé une relation privilégiée.
- Je me rends chez le client pour cuisiner chez lui. Ma prestation comprend également. Le dressage de la table, le service, mais aussi les conseils pour les boissons, la décoration. Une fois que nous avons terminé, nous laissons les lieux tels que nous les avons trouvés au départ.
« Une cuisine caribéenne revisitée et de qualité »
Le compliment qui touche le plus Sam KanKook ? Lorsqu’un Caribéen lui dit : « J’ai l’impression de manger un plat qu’aurait pu cuisiner ma grand-mère ».
« Quand j’étais petit, j’étais très difficile concernant la nourriture. Je n’aimais pas le fruit à pain, les racines, je mangeais peu de poisson. En grandissant, en habitant loin de la Guadeloupe, certaines saveurs ont commencé à me manquer. J’ai donc cherché à cuisiner les produits de chez nous de manière à ce que je les apprécie. Ainsi, est née l’idée, par exemple, du financier de fruit à pain qui fait partie de mes best sellers. »
Bavaroise coco-avocat avec des perles de tapioca, lasagnes à base de farine de manioc, cannelloni de concombres fourrés avec de la chiquetaille de morue, cookies au chocolat et à la papaye confite… Sam Kankook multiplie les trouvailles, avec cette volonté constante de réussir la fusion entre la tradition et la modernité via des créations originales. Avec succès.
« Caribbean fusion », quésaco ?
Pourquoi Sam KanKook qualifie-t-il sa cuisine de « Caribbean fusion » ? Explications. « Grâce à ma formation, mon travail, j’ai pu beaucoup voyager (ndlr : il a visité une trentaine de pays, aux quatre coins du monde). J’essaye d’intégrer ce que j’ai apprécié dans mes voyages à ce que j’aime dans la cuisine caribéenne. »
« A l’étranger, j’aime notamment aller dans des restaurants locaux, où l’on ne parle pas anglais, et choisir des plats au hasard pour découvrir de nouvelles saveurs. Ensuite, je cherche toujours à parler avec le chef pour obtenir des conseils », explique-t-il.
Samuel peut cuisiner
Sam = Samuel, son prénom
KanKook = « peut cuisiner » en anglais.
Des tapas caribéennes, ça vous dit ?
Une fois par mois, dans un restaurant londonien, Sam KanKook cuisine des tapas aux saveurs caribéennes. Au menu, par exemple, une chiquetaille de morue revue avec une crème d’avocat et une salade froide de manioc.
Top culinaire : Japon et Sénégal
« J’aime beaucoup la cuisine asiatique, notamment celle du Japon où je me suis déjà rendu quatre fois. Ils font preuve d’une précision, d’une répétition jusqu’à ce que cela soit parfait, d’un sens du service que je trouve magnifiques. »
« L’un des pays que j’ai préféré en Afrique est le Sénégal, car j’y ai toujours bien mangé et je n’ai jamais été déçu. »
@samkankook sur Instagram
Site : http://samkankook.com/