Batteur, percussionniste et compositeur guadeloupéen talentueux aux collaborations prestigieuses, Arnaud Dolmen fait partie des musiciens de jazz renommés. Sa créativité, sa finesse et son intelligence musicale, il les a pleinement utilisées pour son premier album, Tonbé lévé, sorti en 2017 et salué par la critique.
Cependant, Arnaud Dolmen ne correspond pas du tout à l’image habituelle, certes stéréotypée, de l’artiste de jazz sombre, torturé et végétarien. Accessible, chaleureux, le trentenaire est un gourmet qui apprécie la viande et, plus généralement, les mets caribéens.
Cher Arnaud Dolmen, et si…
… vous deviez opter pour une viande à vie ?
Le bœuf. J’aime beaucoup. Quelle que soit la manière dont il est préparé. Grillé ou en sauce. An tout sòs.
… vous étiez obligé de choisir entre le sucré et le salé ?
Le salé. C’est peut-être psychologique, mais le salé me fait penser au plat principal, c’est-à-dire à ce qui te remplit le plus le ventre. Par contre, le sucré correspond, pour moi, au cadeau. Lorsque tu as bien mangé, tu as la récompense qui est le sucré, le dessert.
Le plat salé guadeloupéen que j’apprécie particulièrement, c’est le bébélé, parce qu’il est consistant, mais aussi pour ce qu’il représente. Il comporte plusieurs ingrédients, il est préparé avec ce qu’on trouve. C’est notre plat national ! Il fait partie de mes mets préférés, même si j’aime également beaucoup le colombo, car j’adore la viande.
… vous ne pouviez citer qu’une découverte culinaire à l’international ?
Au Vietnam, j’ai vraiment apprécié leur cuisine. Je vais rester dans les soupes, mais le pho bo, j’adore. Je crois que j’aime bien les soupes, en fait. (rires) Plus sérieusement, j’apprécie la cuisine asiatique en général, pour ses saveurs.
… vous aviez l’opportunité de ne plus avoir une allergie alimentaire ?
Les crustacés. C’est très dur, car j’ai développé cette allergie très tardivement, à 25, 26 ans, tout à coup. Un jour, une de mes cousines m’a cuisiné des ouassous et, en les mangeant, j’ai commencé à gonfler. J’avais déjà un terrain allergique, mais pas pour les crustacés. Depuis ce jour-là, même l’odeur des crevettes m’amène à me gratter. Je ne prends donc pas le risque de manger ni langoustes, ni crevettes. J’en suis vraiment malheureux.
… vous deviez allier un de vos morceaux avec un met ?
« Experience One », un des morceaux de mon album Tonbé Lévé. Il renvoie à l’expérience de se lancer dans l’inconnu, toujours avec audace. C’est comme en cuisine. À chaque plat, c’est une nouvelle expérience dans un laboratoire infini. Tu peux refaire la même recette, cela ne sera jamais pareil au niveau du goût, car cela variera selon ton humeur, ton intention, ta forme physique…
Pour le met, je choisirais une entrecôte. Comme je ne suis pas un grand chef, je pourrais préparer une bonne entrecôte de bœuf avec du riz et de la ratatouille. Je pensais ne pas pouvoir aller plus loin en cuisine ! (rires) Néanmoins, avec le temps, j’apprécie de plus en plus de cuisiner pour ma famille et je progresse.
Propos recueillis par Mylène Colmar
Tonbé Lévé, magnifique album
Quand la musique est source d’inspiration culinaire… En écoutant le premier album d’Arnaud Dolmen, Tonbé Lévé, impossible de ne pas avoir envie de concocter et de savourer un excellent met traditionnel caribéen, tout en écoutant les morceaux qui s’enchaînent. « Fidèle à son héritage caribéen, (Arnaud Dolmen a) fait le choix d’apporter au jazz contemporain les sonorités du Gwoka » et c’est une belle réussite.
Le café, sa madeleine de Proust
Arnaud Dolmen ne peut pas citer un plat qui lui rappelle son enfance. Sa madeleine de Proust est le café, celui préparé par sa grand-mère maternelle, décédée quand il avait sept ans. « J’ai beaucoup de souvenirs avec elle. Elle buvait du café et je buvais dans sa tasse. J’étais très jeune, mais j’aimais, et j’ai gardé ce goût pour le café. Je suis un vrai amateur. »
Facebook, Instagram et Twitter : @ArnaudDolmen
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