Par Marc Lesdema

Le temps est une notion chère à la République Dominicaine, premier territoire colonisé par les Européens au premier voyage de Christophe Colomb.

Le jour se lève sur Santo Domingo, ville fière d’abriter les premières institutions (université, église) d’Amérique et le tombeau de Christophe Colomb*. Je commence ma journée en dégustant un verre de “mamajuana” pour partir à la découverte de Quisqueya (mère des terres en langue Taïno, l’arawak).

La République Dominicaine est une nation métissée illustrée par les poupées “Limié” créées par la sculptrice Liliana Mera. Si l’île a hérité d’une forte influence culturelle espagnole, elle fut également colonie française et anglaise, et territoire occupé par les Etats-Unis. Elle fut, à la demande de la Couronne Espagnole, le premier territoire des Caraïbes à organiser la traite négrière** et également la première avec Haïti à l’abolir par deux fois en 1803 puis en 1821. On y trouve d’ailleurs le premier moulin à cannes des Amériques édifié en 1516.

Le baseball, que l’on considère issu du “batu”, un sport Taïno, est le sport national et la victoire s’arrose obligatoirement d’un Ron, héritage d’une longue présence cubaine sur l’île. La République Dominicaine possède l’un des meilleurs rhums au monde et ce n’est peut-être pas un hasard si l’artiste street art JonOne a eu le plaisir d’illustrer une bouteille pour les 125 ans des rhums Clément à la Martinique.

Le second plus grand pays des Antilles abrite le plus haut  sommet de la région. Le Pico Duarte qui culmine à 3098 mètres, abrite de nombreuses espèces végétales et animales endémiques. De ses flancs, l’on aperçoit le lac Enriquillo, plus grand lac de la Caraïbe où cohabitent le crocodile américain et le flamant des Caraïbes.

Les fêtes de fin d’année sont proches, il est temps de penser à la préparation des “Pastels”. Ce plat est inspiré du tamal, papillote amérindienne préhispanique cuite à la vapeur. Traditionnellement réalisé avec du manioc garni de bœuf, on en trouve aujourd’hui de nombreuses variantes. Ce plat se retrouve également à Puerto Rico.

Le voyage s’achève, au son du Merengue et de la Bachata, un voyage dans le temps de Wilfrido Vargas à Eddy Errera, en passant par Milly Quezada. Je déguste un dernier “Morir soñando”. Là, je  me fais la promesse de revenir rapidement pour le carnaval carnestolenda, car il me reste encore à déguster la bandera dominicana et l’habichuela.

• *L’Espagne après des siècles de silence a indiqué que la dépouille qu’elle avait envoyée à St Domingue n’était pas celle de Colomb. Qu’à cela ne tienne le mythe est établi et pour les Dominicains, Colomb repose sur leurs terres.
• **L’Espagne organise la Traite négrière dès 1501 soit 141 avant le début de celle-ci en France.

• Marc Lesdema est un hacker culinaire martiniquais basé à la Dominique. Il est le propriétaire de « M », un restaurant qui propose une cuisine soul-fusion caribéenne.
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