Une belle histoire d’amour et de fidélité. Entre Gisèle Donardin et ses clients, cela dure depuis des années et surtout cela n’est pas près de s’arrêter ! Ses mets traditionnels délicieux, préparés avec soin et servis généreusement, constituent l’atout majeur de la Guadeloupéenne, dont la roulotte est garée du lundi au vendredi, le midi, à Jarry, à Baie-Mahault. Hommage.
Entre la cuisine et Gisèle Donardin, tout a débuté de manière simple, il y a plusieurs dizaines d’années. « Comme je cherchais du travail, je suis allée à l’ANPE (ndlr : Pôle Emploi). La dame qui m’a reçue m’a demandé de noter ce que je savais faire sur un papier. J’ai écrit cuisiner et je me suis dit : ‘C’est cette activité que je dois choisir, car les gens ne peuvent pas rester sans manger’. J’ai suivi une formation et ensuite, pour commencer, j’ai vendu des plats simples, comme des grillades et du riz, que j’apportais dans les entreprises. Les gens achetaient, appréciaient. »
Toutefois, plutôt que de continuer à faire des livraisons, Gisèle Donardin opte pour le format roulotte, en 1997. Son emplacement : non loin de l’entreprise Blandin à Jarry, à Baie-Mahault. Une bonne manière de s’assurer de toucher une clientèle nombreuse. Et au fil des ans, elle est parvenue à fidéliser nombre de personnes, grâce à ses plats très diversifiés. « Chaque semaine, je propose des plats différents. Je fais de tout : grillades, riz, haricots rouges et court-bouillon de poisson, colombo de poulet ou de cabri, bébélé, dombrés et queues ou ouassous, racines et morue à l’oignon, poissons frits et légumes, gratins de bananes, etc. ». « J’ai plaisir à bien servir mes clients. Je veux qu’ils mangent bien », précise-t-elle. Et effectivement, les barquettes sont toujours bien remplies.
Intensité
« J’aime cuisiner, voir un repas bien fait, que les gens me disent qu’il est bon. J’apprécie de savoir que les gens sont satisfaits. Je n’ai aucun regret d’avoir embrassé cette profession », assure Gisèle Donardin, malgré le nombre d’heures important que nécessite son activité qu’elle mène en solo. « Je m’occupe de tout, sauf de faire la vaisselle, seule tâche pour laquelle j’ai de l’aide. »
Les journées de la cuisinière sont donc bien chargées. Réveil à 6h pour préparer les mets du jour à partir de 7h. Ensuite, elle charge sa roulotte et prend la route avec comme objectif d’arriver à 12h30, ce qui n’est guère évident pour elle. « Je souffre d’une fatigue chronique. Jusqu’à il y a trois, quatre ans, j’arrivais à 9h », explique-t-elle.
Gisèle Donardin sert ses clients jusqu’à 15h30, avant de rentrer chez elle. Autres activités à accomplir régulièrement : la préparation et l’assaisonnement des aliments qui seront cuits et servis le lendemain, le nettoyage, les courses.
Amour
La grande satisfaction de Gisèle Donardin reste la fidélité de ses clients. « Depuis que je suis installée à Jarry, beaucoup de personnes ont pris l’habitude d’acheter leurs repas chez moi », souligne-t-elle avec fierté. Elle ne s’imagine pas arrêter. « Dès que je ne suis pas présente, les gens m’appellent pour me demander quand je serai à nouveau là. Mes clients m’aiment et je les aime aussi. Cela me fait plaisir de voir qu’ils mangent bien. »
Bravo, madame !
Mylène Colmar
1 – Portrait sans légende.
2 – Lentilles et brandade de morue.
3 – Riz, haricots rouges et chatrou.
4 – Grâce au bouche à oreille, à sa belle renommée, Gisèle Donardin a des clients venant des quatre coins de la Guadeloupe.
« Je cuisine comme le faisait ma mère »
Gisèle Donardin a appris la cuisine en observant, d’abord. « Ma mère ne m’a pas appris à préparer des repas. Elle me disait : ‘Je ne vais pas te montrer. Si tu es intéressée, tu me regarderas faire’ », assure-t-elle. Ensuite, elle-même est passée derrière les fourneaux et s’est perfectionnée au fur et à mesure. « Ce que j’aime avec la cuisine, c’est que tu t’améliores à chaque fois. »
Plat à goûter : la paëlla revisitée de Gisèle Donardin
« Pendant un temps, j’ai travaillé dans un restaurant où était préparée de la paëlla. J’ai observé les étapes et j’ai décidé de la faire, mais à ma façon. Je fris le poulet, ce qu’ils ne faisaient pas, car la saveur est meilleure. De plus, je remplace l’agneau par du chatrou. J’ajoute des crevettes, des moules et des légumes. Mes clients apprécient beaucoup. Certains me disent qu’ils n’ont jamais mangé une aussi bonne paëlla. »
Photos Philippe Hurgon